mercredi 18 janvier 2012

Dead 1970, 1968 (Larry Clark – série Tulsa)

Vers la photo

Quand déferas-tu ton lit, à nouveau, étrange archange croisé au détour d’un insoupçonné hasard ? Des dimanches radieux et froids s’entremettent pour nous. Sur les moirures du lac, la lumière frise, glaciale, pour mieux m’enterrer dans ton miroir.  

Un échec entre les doigts serrés, tu te laisses rêver, dans un geste inutile et fier.
Sous la brisure de la capture qui te fige, danse l’hésitation de tes yeux de fer.
L’armure des draps, sous ta peau nue, écume les vibrations de ton corps vivant, encore vivant.

Toute cette fureur facétieuse, dans un être irréel, à demi déguisé en jeune homme bien sous tous rapports et prêt à en découdre. Isolée, l’impression présage de soubresauts livides ou de grands moments calmes et silencieux.

Personne ne sait ce que tu vois, qui tu regardes, s’ils sont nombreux ou absents.
Mais tous tes spectateurs imaginent être à ta place, dans cette errance de regard, entre la perte et l’abandon. Le mien entre en dévoration, se détruit, explose et meurt, terrassé, comme j’imagine, la lentille qui t’a capturé.

Ta prison d’acétate échoue à domestiquer les ravages qui emplissent soudain l’espace de la maison de maître qui t’abrite auprès du lac, comme un secret oublié, loin de Tulsa. Et les murs vénérables s’abolissent, détruisant au passage les précieux clichés des autres preneurs d’otages, bien accrochés à leurs cimaises qui s’effondrent, tendrement.

Car il faut bien un désert consacré à ton étude, pour arrimer enfin une pensée aux champs de bataille que tu sèmes nonchalamment. Pour donner corps au tempo désordonné qui s’invite entre nous il n’y a qu’un mot : enragé.

Il n’y a pas d’instant magique pour cette rencontre, il n’y a que l’écho qui brise ma lumière, dans les heures stupides à feuilleter des pages au hasard. Il n’y a pas de révélation, il n’y a qu’un reflet flou qui accroche mon regard comme un harpon.

Il n’y a pas de stupeur. Il n’y a qu’un coup, un seul.



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