Errant dormeur aux poulaillers souterrains
Ne croise
pas les regards crus des caméras en rut
Terre tes
secrets sous les tonnelles d’acier des préaux
Retiens ton
souffle au passage des détecteurs
Et retourne
au trou si l’un d’entre eux te prend
Epuisé, à rôder
au pied des tours-privilèges
Inoculés de
bleu sont les yeux du geôlier
N’imagine
même pas pouvoir te tirer de là
Traversée
impossible vers l’indocile rue
Elle qui te
tient, te protège à la fois
Renonce. C’est
lui qui tient la crosse.
Distendu,
le temps se perd, dans les galeries officielles
Ils se
touchent en déchiffrant tes tatouages identitaires
Tu le leur
rends bien, chaude bête de foire
Effrayant les premiers, excitant les derniers
***
Susurrant ses mots doux à ton oreille glacée
Odieux, le geôlier les fait rouler dans le sang et la sueur :
Regarde-moi, joli spécimen
Tu ne peux pas gicler de tes fers, ils sont miens
Ici c’est le club très fermé des perdus d’avance
Enfers, certainement, mais toujours négociables
Demande-moi ce que tu voudras
En échange, laisse-moi te regarder
S’effleurant d’abord, le geôlier finit par se perdre
En contemplations soutenues et saléesCristallisées sur les murs de ta cellule
Ou dans les draps qui l’absorbent, sa ronde de nuit terminée
Ultime errance qu’il s’offre avant de sombrer
Regard perdu, jouissance renouvelée, insuffisante
Son corps rompu aux attraits du prisonnier
***
Vertèbres libres jouant sous le derme élastique
Oraculaires sensations dans tes tripes qui se nouentIl t’a donné la clé
Etrange geôlier qui te vénère, rampant dans sa tranchée
S’il n’avait procédé même qu’à un seul contact
Attouchement ou sévice, tu aurais compris le dealNi à l’un, ni à l’autre tu n’eus droit
Seulement à son iris bleu furieusement braqué toi
Il t’aime, errant dormeur aux poulaillers souterrains
Supportant mal l’idée de te partager aux détenus Sacrifiant les derniers crédits de raison qui lui restent
Unissant cauchemars et fantasmes insensibles
Et vidant un chargeur sur ton corps acéré, il s’assouvit, enfin
Le jeu de l'acrostiche continue : mes trois victimes sont Paul Laurendeau, Daniel Ducharme et Jean-Basile Boutak. Allez-y les gars!