mercredi 28 septembre 2011

Le sannet des framboëses

Fais attention à toé, les branches i sont piquantes.
Eï là, mange-les pas toutes. Gardes-en pour faire d’la tarte.
Les grosses pis les sucrées, j’te dis qu’ç’pas long qu’i partent
Dans c’te margoulette là. Ris pas, maudite gourmande.

I fait-tu assez beau soleil rien qu’un tit peu ?
Le fourrage est ben long, ça t’coupe-tu le gras des jambes ?
I pleuvra pas bétôt sua montagne à c’qui m’sembe.
Tu veux-tu que j’te mette une marguerite din chveux ?

R’garde la grosse roche là bas. On va s’assir dessus
Pis on la mange tu suite, not’ canisse de framboèses.
La tarte ? Ah, c’est pas grave. I sont ben plus bonnes crues.

On est-tu ben icitte, loin du troube pis du monde.
J’va t’ôter tes souliers, tes smelles sont pleines de glaise.
Pis j’me dmandais… ça t’tentrais-tu d’devnir ma blonde ?

Sonnet déclamé par Pacifique SansFaçons dans Le Pépiement des femmes-frégates de Paul Laurendeau
ELP éditeur, 2011
Vers le livre...

mardi 20 septembre 2011

Si mes jours étaient aussi dangereux que tes nuits IV : détester les adieux

Jan Rohlf pour l'album Dedications de Klimek






Abandonnés, nous traînons nos carcasses sur le trottoir
Le bar se vide, peu à peu,
lumière et substance humaine
Nous continuons à nous mentir
avec plus de conviction
Nous savons que dans l'ombre,
nos mensonges prennent une autre saveur
A cette heure de la nuit il n'est plus temps pour les mots clairs
Mais pour les tentatives de corruption


Nous ne nous connaissons pas
Nous ne nous comprenons pas
Nous nous observons seulement,
avec la curiosité des animaux en cage
Nous avons un notaire en commun, un héritage
Organique et salé
C'est ce qui nous trouble secrètement

Cette nuit n'est pas à nous, mais nous l'avons forcée
En réparation de notre ignorance préméditée
Ils nous ont cachés l'un à l'autre, ils nous ont menti
Ils nous ont privés l'un de l'autre
De cette réponse positive à cette question anodine
Que se posent les enfants entre eux

La solitude
Toute notre vie, nous l'avons crue vraie
Mais nous n'étions pas seuls
Nous n'avons jamais été seuls
Et maintenant nous attendons
Que l'autre esquisse le prochain mouvement
Le mouvement acéré et radical de l'égarement

Nous sommes ivres dans le silence de la nuit
Nous nous dévorons des yeux
Pour détruire la solitude qui nous habite
Les passants nous prennent pour des amants
Ils ne font pas attention à nous
A cette heure, il n'y a plus que des amants dans les rues

Nous sommes déterminés
A tracer entre nos peaux cette trajectoire-limite
Corrosive et dérangée
Peu importe le jeu auquel nous jouons maintenant
Mille plateaux éperdus
Sauront nous satisfaire

Tu tends vers moi une main pleine de défi
Il n'y a plus de place pour les négociations
Le temps perdu corrode nos gestes d'enfants non réalisés
Les transforme en tactique de l'avidité
Qui galvanise notre sens de l'aveuglement
Et tout est sans limites

Lien vers Si mes jours III
Lien vers Si mes jours II
Lien vers Si mes jours I

lundi 19 septembre 2011

Cosmicomedia 1 : Montrez-nous que vous n'êtes pas des buses

En ce début de millénaire, alors que presque tous les humains de toutes les nations se retrouvent finalement dépouillés de la moindre possibilité d’agir, ne serait-ce qu’une seule fois, selon un libre-arbitre vrai ; alors qu’ils n’ont plus d’autre horizon qu’un lent naufrage de tous leurs rêves, plus d’autre futur qu’une perte, plus d’autre espoir qu’une révolte dont on sent, aujourd’hui, enfler la marée coléreuse, nous disons qu’il est l’heure de regarder vers notre passé, et d’observer, dans celui-ci, tout ce qui nous a détournés du bonheur simple de vivre sans éclats et sans peines, sans épuisement et sans désespérance.

Car, en première approximation, depuis que l’Histoire existe, personne ne s’est jamais saisi de ce merveilleux bonheur, si tranquille et si peu clinquant, si peu exigeant, auquel, très légitimement, aspirent et ont aspiré toutes les familles, tous les êtres humains, tous les êtres vivants du globe.
Cosmicomedia est né tandis que notre monde commençait à basculer vers les gouffres d’une manière tellement sensible que de partout ont été lancés des cris d’alarme, et non plus seulement depuis quelques rares endroits. ÉLP éditeur publie aujourd’hui ce roman bizarre et inquiétant, alors que tout peut-être est déjà pesé, en un hommage appuyé à cette humanité magnifique qui, depuis les lointains débuts de l’esprit, a cherché ce gentil bonheur, bricolé des solutions pour s’en rapprocher, rêvé des morales civiques et individuelles, combiné des Constitutions. Grâces lui sont ici rendues ; ses œuvres sont les plus belles décorations de notre vie.

Un mur aujourd’hui se dresse, vers lequel on se précipite, fouettés de frayeurs diverses, d’avidités, de folies aveugles. Mais, comme l’a annoncé Hölderlin il y a bien longtemps – il n’y avait même pas de téléphone, et les nouvelles se traînaient à la vitesse d’un hérisson : « Quand le péril croît, croît ce qui sauve ». Dans ce mur, il y a une porte. Et cette porte est ouverte. Des gens l’ont déjà franchie, et cherchent à cet instant même à en élargir le passage. Ils ont pris des masses, ils vont frapper ! Les aiderez-vous ?

Cosmicomedia est le roman de cette porte, de ces masses, et du fracas des coups que nous pourrions donner avec elles, pour autant que nous en arrachions le pouvoir – car j’ai bien l’impression qu’il n’est plus temps de rester polis.

Tome 1 : Montrez-Nous que vous n’êtes pas des buses.
Sortie le 15 septembre 2011, en ePub et pdf.
Tome 2 : Qui a une histoire à produire est le bienvenu.
Sortie le 13 octobre 2011, en ePub et pdf.
Tome 3 : Éduqués et bagués, Nous les avons relâchés.
Sortie le 1o novembre 2011, en ePub et pdf.

Lien  vers le livre sur Immatériel