vendredi 21 octobre 2011

Si mes jours étaient aussi dangereux que tes nuits V : détruire la parole


Jan Rohlf, Sans titre, 
de la serie "All the Guards Asleep"



Ils ont peur, tous
Au bout du fil, Simon est inquiet
Sa voix, modulée par le doute
Est une rareté

Dans le taxi je me convaincs de penser :
A quoi bon?
Ils ignorent tous la vacuité de l'appel
Cette magnificente perte de temps

J'harnache le sol mouillé d'un hangar
Les garçons me font une haie d'honneur
Comme à la foire
Je suis l'agent du merveilleux





Je détecte le silence des douilles giclées
Sous les odeurs mouillées de poudre
Et des agonies
Eteintes par ton expérience de tireur confirmé

Ils fixent sur moi leurs regards allumés
Saturés par l'espoir que je saurai
Pompier subtile
Noyer l'incendie qui te broie

Que te faut-t-il pour t'interrompre
Joli poids-lourd lancé à pleine vitesse
Sur l'accomplissement servile d'une cruauté
Qui saigne?

Comment faire pour les satisfaire tous
Ces enfants armés jusqu'aux yeux
Et qui hésitent
A te faire la peau?

C'est parce que tu ne respectes pas
Les termes du contrat
Que tu as signé
Qu'ils te respectent

C'est parce que la vie
Pour toi
Est une mauvaise blague
Qu'ils t'admirent

C'est parce que tu ne leur laisses
Aucune chance
De se défiler
Qu'ils te protègent

C'est parce que tu ne te lasses pas
De les désirer
De leur faire payer ça
Qu'ils t'aiment

Ils sont, au fond
Mieux armés que moi
Pour tenter quelque chose
Mais ils figent, glacés par ton ambivalence

Il t'arrive d'oublier la menace que tu exerces
Sur un quelconque adolescent
Pour te consacrer au nouveau venu
En renfort

Et c'est moi
Que ton geste imprévu
Surveillé par chacun
Rencontre

Tuer un messager
Dit-on
Porte la poisse
S'il délivre une mauvaise nouvelle

Moi je dis
Qu'il faut tuer la mauvaise nouvelle
Avant toute chose
Quand tu me regardes

Elle est pour moi, cette lumière
Qui filtre à travers tes yeux déliés
Et clairs
Remplis de défonce

Le temps suspendu
Pèse comme la lame plate du hachoir
Sur les épaules des jeunes hommes
Qui nous fixent

La couleur du matin qui n'a pas fini de pisser
Et le froid qui domine les volumes
Rendent presque tout rire
Impossible

Et pourtant
Le tien
Ténu
Se fraie une voie

Ta voix experte
Mais lassée par les mises à mort
Fuse en ma direction
Réjouie

Qui t'a appelée
Petite soeur
Est-ce que c'est Simon
Cette raclure ?

Je ne réponds pas
C'est évident
Il y des trahisons qui ne se méritent pas
Et Simon est un ami

Allez, petite soeur
Cette bande d'étrons minables
Ne vaut pas la peine que tu te donnes
Dis-moi

Je serre les dents
Et souris
Passer à autre chose
Est depuis toujours ma spécialité

Il faut bien en commettre
Quelques stratégies
Pour échapper au monstre
Caché sous son lit

Regarde-les faire dans leur froc
Insistes-tu
Tu attends que je parle
Ils attendent que je parle

Tous autant que vous êtes
Rompus aux arcanes de la menace
De l'intimidation et de la loi du plus fort
Vous attendez que je parle

Toi, pour cracher un nom
N'importe lequel
Au point où tu en es
Les cadavres sont devenus interchangeables

Eux, pour rompre le sort
Qui les tient chevillés à tes humeurs
Car comme le dit Simon
Je sais trouver les mots

Mais il se trompe
Détruire la parole
C'est ce qu'il faut
Pour survivre en ton arène

Si mes jours IV
Si mes jours III
Si mes jours II
Si mes jours I


mardi 18 octobre 2011

Cosmicomedia : qui a une histoire a produire est le bienvenu ici

ÉLP éditeur, la maison d’édition transatlantique 100% numérique, est fière d’annoncer la parution du deuxième volume de Cosmicomedia : Qui a une histoire à produire est le bienvenue ici.

Le début de ce millénaire est celui de tous les défis. Historiquement, il sera difficile de trouver un moment plus passionnant à étudier : la biosphère s’effondre, les puissants se goinfrent comme jamais l’on ne s’est goinfré, l’humanité s’appauvrit en conséquence, les espérances s’essoufflent. Presque partout la police est devenue la première puissance d’oppression, loin devant les mafias, et protège des systèmes si ouvertement corrompus que l’usage des mots nobles par lesquels ils se définissent devient un exercice bien salissant pour l’esprit novice qui croit encore en la vertu des dictionnaires, et qui se retrouve la langue tachée de mensonges. En plus de tout ceci, une étoile a explosé et déverse sur nos têtes une mort subtile.

Tandis que, dans le monde des vivants, une extinction de masse a débuté, Lucas et sa troupe découvrent stupéfaits l’immensité des strates et des sens, des significations et des messages qui se déploient derrière la porte noire qu’ils viennent de franchir. L’univers d’au-delà est un énorme abîme. Au cœur de ce pays brûlant et compliqué danse un singulier personnage, un loa dont voici l’antre. Chacun de ses gestes semble être une manigance, chaque parole une moquerie. Mais lui, le danseur malin, il est aussi un indice, un espoir lancé, une volonté dressée contre l’obtuse fatalité. Alors, puisqu’ici l’on se livre et l’on se dévoile jusqu’au nu de son être, des vérités seront dites, qui emprunteront, pour être mieux reçues, le chemin des métaphores et des paraboles.

Cosmicomedia est le roman de la rentrée par excellence. Celui par qui l’homme du 21 e siècle retrouve sa dignité. Et ce deuxième volume le confirme aisément.

Né en France au milieu des années soixante, Allan Erwan Berger, grand baratineur depuis qu’il sait causer, a découvert, après quelques décennies passées à être normalement sérieux, qu’il avait envie d’écrire plutôt que de courir après un travail – et de s’étioler en conséquence. Puisque de toute manière la bourse reste vide, à quoi bon s’abîmer la santé ? Amusons-nous, ça vaudra mieux ! Donc voilà ; cap sur la littérature et ses merveilleux nuages. L’horizon s’ourle de rose, le ciel se peuple de figures.

Lien vers la fiche d’auteur d’Allan E. Berger sur ÉLP éditeur

Lien vers la librairie Immatériel où on peut se procurer cet ouvrage au prix de 5 € ou 7 $