Jan Rohlf, Sans titre, de la serie "All the Guards Asleep" |
Ils ont peur, tous
Au bout du fil, Simon est inquiet
Sa voix, modulée par le doute
Est une rareté
Dans le taxi je me convaincs de penser :
A quoi bon?Ils ignorent tous la vacuité de l'appel
Cette magnificente perte de temps
J'harnache le sol mouillé d'un hangar
Les garçons me font une haie d'honneur
Comme à la foire
Je suis l'agent du merveilleuxJe détecte le silence des douilles giclées
Sous les odeurs mouillées de poudre
Et des agonies
Eteintes par ton expérience de tireur confirmé
Ils fixent sur moi leurs regards allumés
Saturés par l'espoir que je saurai
Pompier subtile
Noyer l'incendie qui te broie
Que te faut-t-il pour t'interrompre
Joli poids-lourd lancé à pleine vitesse
Sur l'accomplissement servile d'une cruauté
Qui saigne?
Comment faire pour les satisfaire tous
Ces enfants armés jusqu'aux yeux
Et qui hésitent
A te faire la peau?
C'est parce que tu ne respectes pas
Les termes du contrat
Que tu as signé
Qu'ils te respectent
C'est parce que la vie
Pour toi
Est une mauvaise blague
Qu'ils t'admirent
C'est parce que tu ne leur laisses
Aucune chance
De se défiler
Qu'ils te protègent
C'est parce que tu ne te lasses pas
De les désirer
De leur faire payer ça
Qu'ils t'aiment
Ils sont, au fond
Mieux armés que moi
Pour tenter quelque chose
Mais ils figent, glacés par ton ambivalence
Il t'arrive d'oublier la menace que tu exerces
Sur un quelconque adolescent
Pour te consacrer au nouveau venu
En renfort
Et c'est moi
Que ton geste imprévu
Surveillé par chacun
Rencontre
Tuer un messager
Dit-on
Porte la poisse
S'il délivre une mauvaise nouvelle
Moi je dis
Qu'il faut tuer la mauvaise nouvelle
Avant toute chose
Quand tu me regardes
Elle est pour moi, cette lumière
Qui filtre à travers tes yeux déliés
Et clairs
Remplis de défonce
Le temps suspendu
Pèse comme la lame plate du hachoir
Sur les épaules des jeunes hommes
Qui nous fixent
La couleur du matin qui n'a pas fini de pisser
Et le froid qui domine les volumes
Rendent presque tout rire
Impossible
Et pourtant
Le tien
Ténu
Se fraie une voie
Ta voix experte
Mais lassée par les mises à mort
Fuse en ma direction
Réjouie
Qui t'a appelée
Petite soeur
Est-ce que c'est Simon
Cette raclure ?
Je ne réponds pas
C'est évident
Il y des trahisons qui ne se méritent pas
Et Simon est un ami
Allez, petite soeur
Cette bande d'étrons minables
Ne vaut pas la peine que tu te donnes
Dis-moi
Je serre les dents
Et souris
Passer à autre chose
Est depuis toujours ma spécialité
Il faut bien en commettre
Quelques stratégies
Pour échapper au monstre
Caché sous son lit
Regarde-les faire dans leur froc
Insistes-tu
Tu attends que je parle
Ils attendent que je parle
Tous autant que vous êtes
Rompus aux arcanes de la menace
De l'intimidation et de la loi du plus fort
Vous attendez que je parle
Toi, pour cracher un nom
N'importe lequel
Au point où tu en es
Les cadavres sont devenus interchangeables
Eux, pour rompre le sort
Qui les tient chevillés à tes humeurs
Car comme le dit Simon
Je sais trouver les mots
Mais il se trompe
Détruire la parole
C'est ce qu'il faut
Pour survivre en ton arène
Si mes jours IV
Si mes jours III
Si mes jours II
Si mes jours I