vendredi 27 mai 2011

Narcisse incorporated

un miroir sombre avec à l'intérieur un corps de femme
revêtu d'une robe de soirée noire et lamée
dont le décolleté s'échancre sur son ventre

tu t'approches d'elle dans la glace avant de comprendre
qu'elle n'est qu'un reflet que tu ne peux pas posséder
et d'autre part que ce reflet c'est toi

alors tu te demandes comment tu peux bien faire
pour soulager l'incendie qui te ravage
et tu t'efforces de faire de ton mieux

c'est plutôt laborieux
comme envol

à ton réveil le corps mouillé
tu te dis qu'il est bien difficile de jouir
en rêve
mais pas impossible

mercredi 25 mai 2011

Tentative d’auto-motivation raisonnée (ou lisez bien la notice d’emballage)

Il se trouve toujours un moment dans la nuit
Où tu te surprends à déconner, propre en ordre
Peu importe qui crie, qui tente, quand tu fuis
De sauver ce qui reste de ton fameux désordre

Ce peut être un ami qui vient à la rescousse
Un amant, un poisson, un livre ou un pétard
Tu essaies plein de choses, quand les dogues à tes trousses
Te mangent les talons, pour flinguer ton cafard

Et pourtant, il suffit d'apprivoiser la bête
De lui donner ton miel, et ton cerveau aussi
En prenant surtout soin de lui donner des miettes
Pas de trop gros morceaux, hein! Fais bien gaffe ici !

Allez, fais-pas cette tête ! Tu as des jours meilleurs
Qui font la queue chez toi leur ticket à la main
Un coup gratuit au stand pour tirer ta douleur
Un tour de train fantôme avec un être humain ?

Peut-être que tes nuits ne sont pas assez tendres
Pour explorer les noirs méandres des tes peurs
Le sang, finit tu sais, à jamais par s’épandre
Emportant vers la mer tes restes de terreur

jeudi 12 mai 2011

Des routes et des rails

Je prétextai un achat urgent à faire au drugstore voisin pour les abandonner. Un truc de fille. Ils me laissèrent aller car ils n'étaient pas assez méchants pour laisser une fille pisser le sang sur sa chaise en pilotant des caméras de sécurité à distance. Ça devait les dégoûter un tout petit peu quand même.

Il pleuvait, je pris donc la voiture.

Ils ne se doutaient pas que je tournais la clé dans le contact avec la ferme intention de les planter là, avec leurs caméras de surveillance à gérer tous seuls. Je me suis sentie libre de prendre des vacances. C'était ça ou j'en massacrais un.

Au moment où j'arrivai à l'hôtel, il s'arrêta de pleuvoir. Le soleil même apparut et fit un saut dans le bleu de la piscine. C'était un motel plat, à un étage et moquette rouge partout, avec personne dans aucune chambre, à part moi et un vrp en bout de course.

Je me suis assise au bord de la piscine avec mon sac à mes pieds. Et j'ai laissé la pression descendre, jusqu'à ce que mes mains arrêtent de trembler et que ma nuque se décrispe un peu.

Le premier soir, je vidai le minibar et achetai encore de l'alcool. Le motel était situé à deux pas de l'autoroute, dans une plaine morne et inintéressante. Il n'y avait rien à voir dans les alentours, pas même une mine désaffectée ou un camp de réfugiés.

Ils essayèrent de me contacter. Je ne répondis jamais et éteignis mon portable. Je ne voulais pas entendre leurs lamentations et leurs menaces roulées dans la farine. Je ne voulais pas de leur argent qui puait la semence lyophilisée. Je ne voulais plus les regarder se pencher sur n'importe quelle surface plane avec ensuite dans le regard, des étincelles ineptes et desséchées.

Après deux jours, je repris le volant, et roulai sans m'arrêter jusqu'à la côte déchiquetée, salubre, aux cormorans qui criaillaient dans la tempête.

Je préférai la route au rail.

mercredi 4 mai 2011

Merci à ces hommes... est le 11e titre d'ELP éditeur

ÉLP éditeur, la maison d’édition transatlantique 100% numérique, publie son 11e titre : Merci à ces hommes qui ont fait de moi une lesbienne de Josianne Massé.




Montréal, sur le «prestigieux» Plateau Mont-Royal, une jeune femme lutte avec elle-même et le monde pour mettre en place son identité. Elle vit avec un homme plus vieux qu’elle, brillant musicien, artisan créatif, noceur alerte. Mais la relation s’enlise, perdant graduellement son ardeur et sa passion. Cette jeune femme, qui s’identifie par un simple Je, ressent une pulsion l’attirant de plus en plus fortement vers d’autres... De relation en relation, nous avancerons donc alors, avec elle, le long de l’inexorable dégradé émotionnel et sexuel la conduisant tout doucement vers son lesbianisme. Dans Merci à ces hommes qui ont fait de moi une lesbienne, le Bacardi coule à flots, la pression des pairs agit et vous saisit comme un éther vif, la jeunesse se brûle par les deux bouts. Elle chemine, en pénétrant encore et encore le sillon social dans la fente humide de la plus ancienne des blessures. Mais l’univers superficiel des fêtards montréalais début-de-siècle et les jets, clics et déclics des cyber-dragouilleuses, toutes intégralement tributaires de la nouvelle net-normalité, ne l’emportent dans leurs tourmentes si jeunes, si éphémères, si tragicomiques que pour mieux asseoir sa sagesse et sa compréhension radicale de l’une des grandes crises existentielles de notre temps tertiarisé, mondialisé, uniformisant: celle, inégalée, inouïe, du rapprochement intellectuel, émotionnel, sensuel et sexuel des genres… Je ne suis pas lesbienne parce que je n’ai pas trouvé l’homme pour moi. Je suis lesbienne parce que j’aime les femmes. Depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’aime les femmes. Les hommes, je les aime différemment.





Josianne Massé est née en 1979 à Montréal. Au cours de la dernière décennie, elle a écrit pour un journal de quartier humaniste, pour un webzine culturel et pour un portail techno. Son écriture coup de poing lui vaut de multiples éloges dans l’antre de la blogosphère québécoise. Merci à ces hommes… est son premier roman.





Lien vers la fiche d’auteur de Josianne Massé sur ÉLP éditeur : http://www.elpediteur.com/auteurs/j_masse.htm





Lien vers la librairie Immatériel où on peut se procurer cet ouvrage au prix de 5 € ou 7 $ : http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782923916989/merci-%C3%A0-ces-hommes-qui-ont-fait-de-moi-une-lesbienne





Fondé à Montréal en 2005, ÉLP est un site d’expressions littéraires (http://www.ecouterlirepenser.com/) qui regroupe une vingtaine de collaborateurs en provenance du Québec, de Suisse et de France. Au printemps 2010, l’équipe étend ses activités en mettant sur pied une maison d’édition 100% numérique – ÉLP éditeur – qui compte déjà onze titres à son actif.

mardi 26 avril 2011

Quatre-vingt printemps de Nicolas Hibon est le 10ème titre d’ÉLP éditeur








Ils sont sept. Ils se prénomment Janine, Mario, Josiane, Joseph, Émilienne, Fulgence, Émilien. Ils sont d’horizons divers : certains viennent de France, bien entendu, mais d’autres ont passé par le Portugal, la Pologne et le Sénégal pour en arriver là… Ils ont des trajectoires différentes : brocanteuse, mécanicien, femme au foyer, homme de lettres… Mais ils ont quelque chose en commun : ils sont vieux, très vieux même, et logent tous à l’Hospice du Soleil, un établissement qui porte le nom sinistre de CHSLD au Québec, c’est-à-dire de centre hospitalier de soins de longue durée. Mais contrairement aux pensionnaires habituels de ce genre de maison, nos vieillards ne s’en laissent pas imposer. Et cela fait d’eux des délinquants, des rebelles, voire des révolutionnaires… de quatre-vingt ans !

À notre époque, il ne fait pas bon faire de vieux os. Confinés comme d’antiques souvenirs au troisième étage de l’établissement qui les accueille, nos héros attendent la mort… Enfin, pas tout à fait. Entre parties de poker et plans de guerre en vue de damner le pion au personnel dirigeant de ce CHSLD qui terrorise les pensionnaires, nos vénérables et téméraires vieillards n’ont pas l’intention de se laisser faire. Et ils ne sont jamais à court d’idées pour améliorer l’ordinaire bien maigre que leur propose l’hospice. Jusqu’au jour où leurs petites combines de vieux délinquants prendront une tournure plus… politique.

Quand les anciens se déchaînent, qui s’attendrait à la révolution des déambulateurs et des marchettes ? Un livre attachant et plein d’humour dont la fraîcheur vient surprendre en ces temps de culte de la jeunesse.

Installé en Guyane depuis 1987, Nicolas Hibon partage son quotidien avec sa compagne javanaise et ses deux filles. Après avoir beaucoup voyagé, il a trouvé en Guyane un pays authentique où il a pu dérouler son hamac. Quatre-vingt printemps est son premier roman, mais des dizaines d’autres reposent en ses tiroirs…

Lien vers la fiche d’auteur de Nicolas Hibon sur ÉLP éditeur : http://www.elpediteur.com/auteurs/n_hibon.htm

Lien vers la librairie Immatériel où on peut se procurer cet ouvrage au prix de 5 € : http://librairie.immateriel.fr/fr/ebook/9782923916279/quatre-vingt-printemps

Fondé à Montréal en 2005, ÉLP un site d’expressions littéraires (http://www.ecouterlirepenser.com/) qui regroupe une vingtaine de collaborateurs en provenance du Québec, de Suisse et de France. Au printemps 2010, l’équipe fonde une maison d’édition 100% numérique – ÉLP éditeur – qui compte déjà dix titres à son actif.

jeudi 14 avril 2011

Quand t'attendre

De vieux chevaux hantent mon sommeil Quand tu n’es pas dans mon lit Je soutiens que toi Tu ne dois pas te tuer à la tâche Alors que moi Je dois Je dois quoi ? Créer, produire, régler, Etre parfaite Parfaitement éveillée Par ton lointain coup de pédale Dans la nuit qui s’effondre Le matin retenu, encore Se fait menaçant Une nouvelle absence Non justifiée Je me souviens maintenant Des retours fébriles et précipités à minuit Et des silences épuisés Dans un sourire

mercredi 23 mars 2011

Ce dont je me souviens de Cremaster 3 sans l'avoir revu

Il est debout, sur la rambarde blanche du monument circulaire
Qu’on doit à un architecte célèbre
L’Apprenti

Il s’apprête à sauter

Sa bouche est comme une plaie
Et le sang qui la redessine, informe
Tranche singulièrement avec le saumon du tartan dont il est revêtu

Il est debout sur la rambarde blanche du monument circulaire
Et les danseuses de music hall qui l’attendent en bas
Dans la piscine intérieure
Rient

Les musiques sont mixtes
Fanfare et dark métal

Quand il saute, ce sont elles qui l’accueillent dans la mousse
Les danseuses
Etourdi, un peu, il secoue ses cornes et se lève
L’Apprenti

Il est prêt à grimper