jeudi 12 mai 2011

Des routes et des rails

Je prétextai un achat urgent à faire au drugstore voisin pour les abandonner. Un truc de fille. Ils me laissèrent aller car ils n'étaient pas assez méchants pour laisser une fille pisser le sang sur sa chaise en pilotant des caméras de sécurité à distance. Ça devait les dégoûter un tout petit peu quand même.

Il pleuvait, je pris donc la voiture.

Ils ne se doutaient pas que je tournais la clé dans le contact avec la ferme intention de les planter là, avec leurs caméras de surveillance à gérer tous seuls. Je me suis sentie libre de prendre des vacances. C'était ça ou j'en massacrais un.

Au moment où j'arrivai à l'hôtel, il s'arrêta de pleuvoir. Le soleil même apparut et fit un saut dans le bleu de la piscine. C'était un motel plat, à un étage et moquette rouge partout, avec personne dans aucune chambre, à part moi et un vrp en bout de course.

Je me suis assise au bord de la piscine avec mon sac à mes pieds. Et j'ai laissé la pression descendre, jusqu'à ce que mes mains arrêtent de trembler et que ma nuque se décrispe un peu.

Le premier soir, je vidai le minibar et achetai encore de l'alcool. Le motel était situé à deux pas de l'autoroute, dans une plaine morne et inintéressante. Il n'y avait rien à voir dans les alentours, pas même une mine désaffectée ou un camp de réfugiés.

Ils essayèrent de me contacter. Je ne répondis jamais et éteignis mon portable. Je ne voulais pas entendre leurs lamentations et leurs menaces roulées dans la farine. Je ne voulais pas de leur argent qui puait la semence lyophilisée. Je ne voulais plus les regarder se pencher sur n'importe quelle surface plane avec ensuite dans le regard, des étincelles ineptes et desséchées.

Après deux jours, je repris le volant, et roulai sans m'arrêter jusqu'à la côte déchiquetée, salubre, aux cormorans qui criaillaient dans la tempête.

Je préférai la route au rail.

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