mercredi 27 juillet 2011

Homme gisant


Michetz, sérigraphie















« Bien. Fais procéder ta torpeur chatoyante au devant de moi, comme une offrande – mieux, un sacrifice – Bête aliénée aux charmes étranges et irrépressibles, que je te ravage.
- Un corps ?
- Déchire le ciel de tes cris sauvages de fauve écharpé, d’animal brisé, de bétail agonisant dont les sonorités abondent sans être entendues.
- Un cadavre ?
‑ Remue et écartèle ce qui te reste de muscles et de tendons, sous la tension que je t’inflige avec grâce et avec perfection, dans les angles morts des nuits sans issue.
- Un esprit ?
- Lutte. Lutte vainement. Cherche ton souffle sous la pression de ma paume de granit, immense et inéluctable, douée de vie et de mort sur ton amas de chairs exsangues.
- Une pensée ?
- Cherche l’issue invisible et condamnée qui se dessine en ton esprit délabré sous l’action de ma semence, produit du rétiaire souverain dans l’arène que je nous ai choisie.
- Un réflexe alors ?
- Succombe, fais-moi ce plaisir, succombe alors, encore et encore, au souvenir de notre collision si douce, à la souillure, à la certitude du tort qui ruinera ta peau comme ma sueur à cet instant.
- Un réflexe de survie.
- Personne ne viendra.
- C’est tant mieux : je n’ai pas besoin d’aide pour t’égorger. »
La fillette déguerpit dans la ruelle, ramassant ses chaussures et son sac à main, insecte agile et bien armé.

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