mercredi 5 août 2009

Pont sur rivière un jour ensoleillé

Il fait beau. Ils sont deux dans cette voiture et ne connaissent pas leur destination. Il ne s'en soucient pas. Ils ne pensent pas vraiement à ce qui les attend. Ils partent. Fuient-ils? L'un pas vraiement l'autre oui.




L'un d'entre eux est un jeune homme d'une vingtaine d'année, le cheveux très court, nerveux. Il porte des vêtements propres, un jean et un t-shirt gris. Il conduit. L'autre est un homme un peu plus âgé, peut-être trente ans. Ses cheveux châtains lui arrivent aux épaules, masquent un peu son visage. Ses vêtements sont en mauvais état. Il semble qu'il soit blessé. Mais il est parfaitement maître de ses moyens. C'est lui qui dit à l'autre par où ils doivent passer. Mais il ne sait pas plus que lui où ils vont.




Ils quittent la ville en empruntant les voies rapides. Ils roulent vite. Au loin, on entend des sirènes et quelques hélicoptères tournoient autour des tours du centre-ville. C'est l'effervescence. Pas une fois ils ne regardent en arrière. Ils ne voient que la route qui défile devant eux, entendent les sirènes qu'ils distancient. Il n'y a pas de barrage pour les arrêter.




Le jeune homme voudrait être ailleurs. Il craint pour sa vie. Il ne peut pas réfléchir à un moyen de s'en sortir, à cause de la peur. Il n'ose pas provoquer un accident. L'autre lui a demandé d'enlever sa ceinture. Il sait qu'à cette vitesse, il n'y a pas moyen de s'en sortir. Tous les feux sont au vert. Il finit par s'inquiéter de son passager. "Est-ce que ça va?


- Te fais pas de bile pour moi, petit. Roule.


- Vous saignez, je crois. Il faudrait pas vous emmener à l'hô..." Le gamin se prend un coup de crosse sur la joue. Pas assez pour l'assommer. La voiture fait une embardée.


"Ta gueule." Silence dans l'habitacle. Le jeune homme saigne de la joue maintenant. Il a envie de chialer. Il est prêt à supplier.




L'autre envisage diverses options. Va y'avoir des barrages, plus loin, c'est clair. Ils ont eu le temps de les mettre en place. Après le pont, sûrement. Il faudrait qu'il prenne le volant. Le petit se débrouille pas trop mal mais pour forcer un barrage, ça va pas le faire.




Ils entament le pont qui enjambe l'estuaire. Deux kilomètres de ferraille blanche qui chauffe au soleil. Un bel arc bien propre. Il y a peu de circulation, à cette heure ci.




Le petit s'en bien conduit, il a droit à une chance : " Tu permets?"




Ceux qui verront le corps tomber penseront immédiatement à un suicide.

2 commentaires:

  1. quitter l'ambiance oppressante qui règne dans l' habitacle, coûte que coûte mais...malgré soi
    PEGGY

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